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La solidité

En général, les baguettes ne conviennent pas pour les tableaux de grande dimension, c’est-à-dire un côté de plus d’un mètre. Elles ne sont pas assez rigides et ne maintiennent pas assez bien le châssis pour permettre une bonne conservation de l’œuvre. Par contre, elles mettent parfaitement en valeur les dessins et les œuvres sur papier, y compris de grandes dimensions. Le montage et le « carreau » (verre) assurent la conservation et la rigidité de l’ensemble.

Le coût

On voit que la baguette est plus simple de réalisation que le cadre, car elle est construite à partir d’éléments qui peuvent être préparés indépendamment de l’œuvre à encadrer. Ces éléments et leur décor sont réalisés de façon industrielle sur de très grandes longueurs qui seront ensuite recoupées pour pouvoir venir encadrer une multitude d’œuvres. La baguette, produite en grandes quantités, revient donc moins cher, à partir de 30€ l’encadrement.


L'Eclat de verre

Un cadre est, lui, toujours fabriqué à l’unité, en fonction des dimensions et de l’esprit de l’œuvre qu’il doit mettre en valeur. Il est produit de manière artisanale et son coût est donc proportionnel au temps passé à le réaliser. Un cadre ancien peut valoir jusqu’à 6000€ pour une œuvre de 50cm x 60cm et parfois plus. Un cadre moderne de même proportion est difficile à trouver en dessous de 300€.

Sous la Troisième République, on visualise la surface financière du possesseur d’une œuvre d’art au prix qu’il consacre à l’encadrement. Une baguette à la découpe d’angle visible, rompant le déroulement du décor, signera la pingrerie ou le manque de goût de celui qui l’aura commandée.

Le style

Historiquement, certaines époques ont valorisé le cadre, et d’autres la baguette :

  • Sous Louis XV, où les décors ne reposaient pas sur la symétrie, avec des agrafes inversées et des guirlandes de fleurs, seul le cadre permettait de réaliser un encadrement à la mode.
  • Par contre, sous Louis XVI, où la simplicité et la symétrie à l‘Antique correspondaient au goût du jour, il y eut beaucoup moins de cadres de réalisés, sauf pour les tableaux de grandes dimensions. Ce fut le règne de la «baguette» et de sa sobriété de bon ton.
  • Après les cadres Directoire, Empire et Restauration, la baguette retrouva crédit sous Louis-Philippe. Large, avec une gorge profonde, dorée à l’or fin, elle avait l’apparente opulence du cadre pour un coût nettement moindre. Son utilisation correspondait à la gestion économe de l’époque.

Aujourd'hui, comment choisir entre les deux ?

Une seule règle : la mise en valeur de l’œuvre par un entourage harmonieux. Et en esthétique, tout est question de proportion :

  • Les baguettes à la largeur mal adaptée rétrécissent l’œuvre et nuisent à son rayonnement.
  • Les cadres trop présents annihilent la peinture qu’ils entourent et l’empêchent de respirer.

On peut cependant partir de quelques principes simples :

  • Cadres et baguettes anciennes conviendront aux œuvres de style correspondant.
  • Les baguettes sont parfaites pour les œuvres sur papier, les cadres mettent en valeur les huiles sur toile.


L'autoportrait de face de Rossane Lurçat et sa baguette dorée Art Déco
Coupe de fruits : pommes de Raymond Dalifard et son cadre en bois sculpté et doré

 

Et bien sûr, toute règle doit savoir être transgressée:

  • L’aspect moderne des caisses américaines peut créer un contraste très enrichissant avec une œuvre ancienne.
  • Voici une huile sur toile de la première Ecole de Paris encadrée par une baguette sculptée récente :


Lys et dahlia d'Henri Espinouze

  • Et voici un cadre du XXème siècle (de style Louis XV) encadrant une œuvre sur papier: une aquarelle de l’Ecole de Crozant :


Paysage fauve d'Henri Pailler

 

La baguette, une conquête de la Révolution française ?
Historiquement parlant, c'est après la Révolution que se développe complètement l’usage de la baguette. Même si le principe existe sous l’Ancien Régime, il ne se développe vraiment qu’au XIXème siècle. Ce fait possède une explication historique : la disparition des Corporations, ces organisations de métiers que la Révolution française a supprimée. Sous l'Ancien Régime, la corporation des menuisiers détenait le monopole de la fabrication de la semelle, celle des ébénistes procédait à la sculpture et au décor en placage de bois du cadre. La corporation des doreurs avait seule le droit de dorer le cadre. Avec l'instauration de la liberté des métiers, un même artisan peut couper le bois, le sculpter et le décorer : il devient plus intéressant financièrement d'intervenir sur des grandes longueurs recoupées ensuite, les baguettes. La baguette industrielle moderne est donc bien Fille de la Révolution.

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