Joseph Charles Panckoucke

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L’Encyclopédie méthodique, dite ""Panckoucke"" fut publiée par Charles-Joseph Panckoucke puis par sa veuve, sa fille et son gendre entre 1782 et 1832, et une centaine d’auteurs y contribuèrent. Elle compte plus de 200 volumes.
À la différence de l'Encyclopédie ou du Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers de Diderot et d'Alembert où les articles sont présentés par ordre alphabétique, les connaissances humaines y sont réparties en 27 disciplines, dont chacune fait l'objet d'un dictionnaire spécialisé.

L'Encyclopédie méthodique fut la derniere et la plus importante des grandes encyclopédies françaises du XVIIIe siècle. Son premier opus parut en 1782 et le dernier cinquante ans plus tard en 1832. Elle a été la création de Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), un libraire d’ascendance flamande né à Lille en 1736. Connu comme ""l'Atlas de la librairie"", Panckoucke avait un goût pour les projets d'édition gargantuesques et avait déjà produit deux réimpressions de la célèbre Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Pendant la parution de la  seconde, un libraire de Liège nommé Deveria avait annoncé son idée d'une «encyclopédie méthodique», dans laquelle les sujets seraient regroupés, non pas selon l'ordre arbitraire de l'alphabet, mais en fonction de la discipline. Panckoucke s’est attribué l'idée et a annoncé son projet d’encyclopédie en Décembre 1781. Son intention était, au début, simplement d’utiliser et de corriger la classique Encylopédie de Diderot et d’Alembert. Il en a acheté deux tirages, les a coupés et a regroupé les articles par matières, avec l'intention de les répartir entre ses chargés de projets pour servir de base à leurs versions. Le travail complet devait être composée de vingt-six dictionnaires séparés plus un Vocabulaire Universel, qui agirait comme un index alphabétique de l'ensemble. Panckoucke a engagé d'éminents universitaires pour mener son projet à terme : Félix Vicq-d'Azyr pour la médecine, Jean-Marie Daubenton pour l'histoire naturelle et Jean-François Marmontel pour la littérature. Le public fut enthousiaste, et Panckoucke avait recueilli 4072 abonnements dès Avril 1782. Les artistes chargés de composer et de graver les planches d’illustrations faisaient parti des graveurs les plus renommés de leur époque : Robert Bénard (né en 1734), qui en plus coordonnait tout l’œuvre gravé, Jacques-Eustache de Sève, Paul Redouté, etc.

L'Encyclopédie méthodique a été publiée en parties au coup par coup, chaque versement étant composé d'un nombre de demi-volumes de dictionnaires différents. Bien que les progrès initiaux eussent été encourageant, il est rapidement apparu que la révision de l'original de Diderot se révèlerait plus titanesque que Panckoucke ne l’avait envisagé. Non seulement il y avait des insuffisances dans l'œuvre originale mais la plupart des disciplines avaient évolué depuis 1751. Dans certains cas, les évolutions survenaient pendant la publication même de l' Encyclopédie : le volet Chimie reflète les nouvelles théories de Lavoisier sur la combustion et la publication du Système anatomique a été longtemps retardée, la discipline étant en cours de restructuration (par Vicq-d'Azyr lui-même) dans les années 1790. Plusieurs nouveaux dictionnaires ont du être ajoutés au programme pour couvrir les sujets qui avaient initialement été négligés, comme la musique, l'architecture et la foresterie. En 1788, un an après le dictionnaire eut été censé avoir été terminé, il avait déjà dépassé le nombre initial prévu de 53 volumes, et était à moins de la moitié de la fin. Comme la publication devenait de plus en plus difficile à manier, Panckoucke du avoir recours à un certain nombre de mesures pour assurer sa viabilité financière.

Il a tenté d'apaiser ses abonnés impatients avec une série d'annonces mettant l'accent sur l'ampleur sans précédent de l'entreprise, les grandes difficultés qu'il éprouvait à la mener à bien et les améliorations considérables qui avaient été apportées. Il a ajouté un Atlas encyclopédique au projet initial et une série de plaques d'histoire naturelle avec les textes correspondant (intitulé Tableau encyclopédique et máthodique des Trois règnes de la nature ) que les abonnés pouvaient payer en option( toutes les planches que nous présentons ici font partie de ces fascicules). En 1790, un certain nombre de nouveaux dictionnaires ont été introduits sur des sujets plus légers avec des titres comme Amusements des sciences mathématiques et Dictionnaire des jeux Familiers, pour attirer davantage d'abonnés. Toutefois, la publication de certaines des séries les plus importantes se trouvait bloquée en raison de problèmes dus aux chargés de projet (autres engagements, maladies ou décès). Les abonnés devaient stocker les parties de chaque série dans l'ordre, parfois pendant de nombreuses années, avant de pouvoir les relier.  Cette réalisation extrêmement complexe est l'une des raisons pour lesquelles il est rare de trouver des ensembles complets de l’Encyclopédie et  pourquoi il y a désaccord entre les bibliographes sur ce qu'un ensemble complet de la Méthodique doit réellement comprendre.

Le Révolution Française a semé plus d'obstacles encore sur le chemin  de Panckoucke. Le coût de l’impression à Paris était devenu prohibitif, l’apparition  de nouvelles revues et brochures empêchait les imprimeurs de tenir leurs délais et le papier était devenu hors de prix. Panckoucke a réagi en ouvrant lui-même un immense atelier d'impression et se tournant vers les imprimeurs provinciaux pour maintenir l'élan de son grand projet. Il a commencé un autre dictionnaire sur l' Assemblée nationale constituante, conçu comme un complément et successeur des dictionnaires de jurisprudence, de commerce et d'économie. Ce dictionnaire a été achevé juste à temps pour être rendu obsolète par la chute de la Bastille. Cette série s'est essoufflée après un seul volume. Inévitablement, la Révolution a frappé la clientèle de Panckoucke, de nombreux abonnés ont fui à l’étranger ou ont perdu leur fortune, le privant de plus de 2000 abonnés. Dans le même temps, ses écrivains, impliqué dans le travail politique ou le journalisme, trouvaient plus en plus difficile de produire leur copie. Jean-Marie Roland de la Platière, rédacteur en chef de Manufactures, arts et métiers, s'est suicidé en 1793 en apprenant l’exécution de son épouse. En 1794, Panckoucke a admis son impuissance et a transmis son Encyclopédie, ainsi que toutes ses entreprises à son beau-fils Henri Agasse.

Agasse a continué à publier les livraisons de l'encyclopédie jusqu'à sa mort en 1816, et ce fut sa veuve Pauline, la fille de Charles Panckoucke qui a finalement conduit ""l'entreprise la plus les Vaste du dix-huitième siècle"" à sa fin en 1832 avec le dernier tome de l’Histoire naturelle. Il est difficile de savoir combien des abonnés d’origine étaient encore là pour le voir terminé. A cette époque, l’ouvrage comprenait (selon l'estimation la plus généralement acceptée) 166 ½ volumes de texte, sans compter les volumes de planches gravées et les divers additifs.

Source : les archives de la bibliothèque de Cambridge

Charles-Joseph Panckoucke, né le 26 novembre 1736 à Lille et mort le 19 décembre 1798 à Paris, est un écrivain et un éditeur français.Fils d’André Joseph Panckoucke (1700-1753), lui-même écrivain, libraire et éditeur à Lille, Charles-Joseph Panckoucke prit la direction de la librairie lilloise en 1757, puis s’installa aussi à Paris en 1762. Il fut l'initiateur d'une société savante de Lille, l'Académie Brunin, en parallèle de ses activités de libraire-éditeur.

Il joua un rôle important dans la diffusion des connaissances au XVIIIeme siècle. Intime des grands philosophes et intellectuels de son siècle, il devint libraire-éditeur officiel de l’Imprimerie royale et de l’Académie royale des sciences et une figure incontournable du monde de l’édition, en quelque sorte l’un des premiers magnats de la presse.
Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (17e division)2.
Sa sœur, Amélie Panckoucke, était une femme de lettres et salonnière célèbre. Son beau-frère était l'académicien Jean-Baptiste Suard. Son fils Charles-Louis-Fleury Panckoucke fut également un écrivain et un éditeur réputé.
C’est lui qui suggéra à Denis Diderot de donner une suite à l’Encyclopédie dès 1769 mais ce projet avorta. Panckoucke obtint néanmoins une licence pour faire paraître un supplément – appelé Supplément – en 1775 et qui parut en quatre volumes en 1776 et 1777. Panckoucke fit aussi paraître en deux volumes l’index de l’Encyclopédie, appelé Table analytique, volumes préparés par Pierre Mouchon (1733-1797) et publiés en 1780.

Le Grand Vocabulaire français contenant l'explication de chaque mot de Joseph Nicolas Guyot, Chamfort et Ferdinand Camille Duchemin de la Chesnaye, comprenant 30 volumes publiés entre 1767 à 1774, marqua également son temps et reste encore un ouvrage de référence.
Mais la grande œuvre de Panckoucke demeure l’Encyclopédie méthodique, une nouvelle encyclopédie organisée par sujet plutôt que par ordre alphabétique. Il reçut une autorisation de publication en 1780 et fit paraître son premier prospectus publicitaire en 1782. Cet immense ensemble de 210 volumes parut jusqu’en 1832, la publication après la mort de Panckoucke étant assurée par sa fille Thérèse-Charlotte Agasse, veuve de son associé Henri Agasse (1752-1813). Le Tableau encyclopédique et méthodique des trois règnes de la nature, consacré à l’histoire naturelle, parut aussi individuellement.
Panckouke fut aussi l’éditeur de deux revues célèbres, le Mercure de France et le Moniteur Universel qu’il fonda en novembre 1789.

C’est lui aussi qui a fondé, sous la Révolution le journal la Clef du Cabinet des Souverains, censuré et supprimé sous le Consulat.

Sources: Wikipédia, Dictionnaire des journalistes